Les décès tragiques du président iranien et du ministre des affaires étrangères ont été utilisés par des libéraux cyniques comme prétexte à attaquer l’Iran. Mais Ebrahim Raïssi avait défendu des libertés qui ont été perdues en Occident.

La mort tragique du président iranien Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian dans un accident d’hélicoptère à la frontière azérie soulève des questions importantes : s’agissait-il d’un accident ou d’un assassinat ? Et si c’est cette dernière hypothèse, qui sont les coupables les plus probables ? Les journalistes iraniens soulèvent des questions sur le comportement bizarre de l’entourage du président Raïssi avant l’accident, en particulier le bureau du vice-président.

L’Azerbaïdjan est un foyer de l’activité du renseignement israélien. Les sionistes ont signé des accords majeurs de défense et d’armement avec le gouvernement azéri ces dernières années. Les sionistes attisent aussi des tensions ethniques au sein de l’Iran, en soutenant le séparatisme azéri et kurde. Si le Mossad avait été derrière cet attentat, il aurait probablement eu pour but de démoraliser et déstabiliser la République islamique.

Le magazine Forbes nous explique que :

L’Azerbaïdjan et Israël, tous deux en conflit avec l’Iran, ont trouvé un terrain commun dans leur rivalité avec la République islamique. L’hostilité de l’Azerbaïdjan envers l’Iran prend racine dans le rejet de cette dernière de sa nature séculaire, son hostilité envers son identité turque, la suppression d’une large minorité dans la République islamique, et le soutien de l’Arménie pendant le conflit du Haut-Karabagh, qui a débuté en 1988. A présent, l’Azerbaïdjan fournit environ 40 % des besoins israéliens en pétrole, une assurance critique pour le fonctionnement des automobiles et des avions. En particulier, un pétrolier azéri faisant route initialement pour le port israélien d’Ashkelon a été dérouté vers Eilat à cause d’un tir de roquette syrien. La livraison continue d’énergie souligne l’importance stratégique de ce partenariat. (1)Mais il y a également d’autres groupes terroristes qui sont capables d’opérations militaire à grande échelle. L’Organisation des Moudjahidines du peuple iranien, un groupe terroriste qui mène une guerre contre l’Iran depuis des décennies, a une base militaire en Albanie. Ils sont soutenus par la CIA. Mais si elle avait impliquée, elle l’aurait certainement revendiqué.

Il est vrai que les sanctions empêchent considérablement l’Iran de moderniser une grande partie de son industrie aéronautique. Je peux moi-même en attester, Il y a quelques années, j’ai du quitter un avion là-bas après qu’un moteur soit tombé en panne. Mais si nous avons affaire un problème technique, c’est cependant inacceptable sous une perspective iranienne.

L’internationalisme de Raïssi

Ebrahim Raïssi est fortement diabolisé en Occident à cause de son passé en tant que juge ayant supervisé des centaines d’exécutions politiques après la Révolution de 1979. Il a aussi été critiqué pour son maintien de mœurs religieuses strictes concernant le code vestimentaire, pour les femmes en particulier.

La Révolution de 1979 n’était pas très pacifique, et il y a certainement des questions à se poser sur la façon dont le gouvernement chiite a traité ceux qu’il considérait comme « ennemis de l’État. » Mais les médias occidentaux ont constamment ignoré le fait que l’Iran retrouvait son indépendance du néocolonialisme américain en 1979 ; que l’ancienne police secrète, le SAVAK, qui était entrainé par la CIA, a assassiné des milliers d’activistes politiques, et que le renversement du leader nationaliste Mossadegh en 1953 ont été des moments décisifsqui ont détourné la nation perse du modèle occidental de la démocratie.

Contrairement à ce que dit la propagande occidentale, l’Iran est une démocratie, une démocratie religieuse. Le système de base est le l’islam chiite mais des minorités sont également tolérées. Par exemple, l’Iran a une communauté chrétienne florissante. Il a la plus grande communauté juive du Moyen-Orient, à l’exception de la Palestine.

Il est vrai bien sûr, que si on souhaite renverser la République islamique et la remplacer par une démocratie libérale de type occidental, on va probablement être persécuté, mais les dissidents sont-ils mieux traités en Occident ? Que se passe-t-il si l’on veut renverser le libéralisme et le remplacer par le national-socialisme, le fascisme ou une théocratie catholique radicale ? Que se passe-t-il si l’on est en désaccord avec certaines croyances fondamentales de la société sur certains évènements historiques ? On est diabolisés dans la presse, harcelés par la police, et possiblement emprisonnés. Toutes les politiques ont des paramètres. Seul le libéralisme affirme ne pas avoir de paramètres, mais le libéralisme ne tolère que les libéraux.

L’Iran défend la réalité de genre

En Iran, les hommes ne sont pas libres de se déguiser en femme et « d’éduquer » les enfants dans les bibliothèques publiques. Si on pense que les enfants doivent être maltraités de cette façon, c’est de la tyrannie. Mais que des millions de parents veuillent protéger leurs enfants de ces pervers, c’est la liberté.

En Iran, les femmes sont obligées de se voiler en public. En Europe, c’était la norme il y a quelques siècles lorsque la société était chrétienne. Lorsqu’on regarde le film des années 1950 sur les apparitions de Fatima, on remarque que toutes les femmes dans le film portent des foulards en public. Autrefois, il n’était quasiment pas question que les hommes se montrent publiquement sans chapeau. Les autorités portugaises, espagnoles et d’autres pays n’avaient pas besoin de légiférer sur de telles choses car personne n’aurait imaginé marcher dans la rue sans couvre-chef.

La Révolution islamique en Iran a cherché à ranimer la religion et les coutumes chiites dans un monde libéral hostile. Que l’on oblige les gens par la loi de s’habiller d’une certaine façon est certainement discutable mais les attitudes occidentales sur la nudité et la décence ont tellement évolué des normes traditionnelles qu’il est, de toute façon, quasiment impossible pour nous d’imaginer des règles vestimentaires.

Quiconque a visité l’Iran sait que les femmes participent pleinement à la vie publique. Il y a plus de candidates au doctorat que de candidats. Les véritables problèmes concernant les femmes sont ceux de la modernité : un taux de divorce élevé, un taux de natalité déclinant et le coût de la vie.

En Occident, le féminisme signifie objectivisation des corps féminins dans la publicité et la pornographie, la participation des hommes dans le sport féminin, et l’adoption de lois interdisant l’utilisation du terme « femme. » L’Iran refuse cela. Il voit que l’Occident est une société malade et décadente. Doit-on lui en vouloir ?

Je ne suis pas libre de dire ces choses-là en Europe. Je ne suis pas libre de m’opposer au séances de conte par des travestis dans un éditorial pour un journal national. Je ne suis pas libre de dire que les hommes sont des hommes et les femmes des femmes. Je ne suis pas libre d’étudier et d’enquêter sur les sacrosaints évènements historiques.

Le cinéaste et intellectuel Nadar Talebzadeh était un ami à moi. Il m’a invité en Iran à plusieurs occasions pour discuter de ces sujets. Talebzadeh avait fait ses études aux États-Unis et avait une connaissance et une appréciation profonde de la culture occidentale. Il a aussi réalisé un film qui mettait en scène la vision musulmane de Jésus-Christ. Dans le film, on peut s’apercevoir que les musulmans aiment Jésus. Ceci n’est pas un secret. Mais on ne peut pas le dire en terre de liberté.

Gearóid Ó Colmáin et Ebrahim Raïssi à la conférence New Horizons de 2018

Talebzadeh croyait sur le monde avait besoin de nouveaux horizons. Les peuples de cultures et d’idéologies politiques différentes devait se réunir, débattre et échanger des vues. Les conférences New Horizons de Talebzadeh étaient révolutionnaires car elles brisaient les paradigmes de pensée puérils gauche/droite. Des socialistes, des anarchistes, des libertaires, des catholiques, des nationalistes… Tout écrivain qui avait contribué à une compréhension profonde du Moyen-Orient était invité à ces conférences.

Un anti-impérialisme futile

Une seule image vaut mille mots…

Néanmoins, j’ai été critique de la gestion de Raïssi de la crise du Covid-19 en Iran. Bien qu’il ait refusé d’importer des vaccins Pfizer à cause de risques évidents, son gouvernement n’a rien fait pour ouvrir le débat sur ce qui passait réellement.

En réalité, l’Iran a complètement ignoré toutes les preuves que la pandémie servait, pour l’OMS et à ses associés, à mettre en place un gouvernement mondial centralisé. A partir de décembre 2021, des certificats de vaccination obligatoire étaient exigés pour travailler. Des professeurs de droit de l’Université de Téhéran rédigeaient des articles chantant les louanges du « forcer les gens à prendre les vaccins. »

« Avec l’émergence du coronavirus dans le monde et la nécessité de mettre fin à cette dangereuse épidémie, divers pays dans le monde, dont le système judiciaire iranien, se sont positionné en faveur de la mise en place de mécanismes de « vaccination obligatoire. » (2)

Cela démontre que, alors qu’on peut adopter des positions positives sur des sujets géopolitiques et internationaux, la résistance devient inutile si elle incapable de résister à des programmes aussi diaboliques. La conformité servile de Raïssi à la tyrannie Covid démontre que, soit il ne comprenait pas le programme du Forum Économique Mondial, soit il le soutenait.

Immigration massive

Le gouvernement Raïssi a aussi mal géré la crise migratoire de masse, en particulier le problème de l’immigration afghane qui a accru la criminalité de manière significative, et a créé l’impression, pour de nombreux Iraniens, d’être remplacés par des étrangers.Néanmoins, Raïssi a conservé sa popularité et on peut percevoir cette popularité en observant les foules alignées dans les rues à ses obsèques. Ce que les libéraux occidentaux ne comprendront jamais, c’est la façon de vivre religieuse et le genre de système politique qui y correspond. Mais cela ne veut pas dire que l’Occident n’a pas de religion. La religion libérale, c’est la franc-maçonnerie. Et elle ne ressemble pas à une mosquée chiite où n’importe qui peut venir prier ; c’est une société secrète fermée, ouverte seulement aux plus corrompus moralement.

Gharbzadegi 

Le philosophe iranien Ahmed Fardid a crée le terme Gharbzadegi – « Occidentalite » – pour décrire la soumission des pays orientaux à l’idéologie impérialiste et libérale. Comme de nombreux autres intellectuels, Fardid comprenait que, pour une Perse rajeunie, elle devait devenir l’avant-garde d’une nouvelle démocratie religieuse. Ce n’est pas exact de l’appeler théocratie, car il n y a pas d’autorité centrale en islam.

Nous devrions être objectif lorsque nous évaluons les politiques d’autres pays. L’Iran rejette les valeurs centrales du libéralisme occidental, mais sa soumission complète au programme du Nouvel Ordre Mondial de vaccinations forcées, de pseudoscience climatique et de remplacement de population signifie qu’il n’a pas véritablement échappé à l’occidentalite.

Depuis 2020, l’Iran a perdu trois personnalité importantes : le général Qassem Soleimani, Nadar Talebzadeh et désormais Raïssi. Talebzadeh avait combattu dans la guerre Iran-Irak dans les années 1980. Ses poumons avait été détruits par les gaz neurotoxiques que les Irakiens avaient importé d’Allemagne et de France. Personne ne parle de cela non-plus. Je ne sais pas si Raïssi a été assassiné. Mais cela a été le cas pour le général Soleimani et pour Nadar Talebzadeh. Nadar a été assassiné lentement par l’impérialisme occidental. Il a envahi ses poumons et a empêché son cœur généreux d’ouvrir d’autres nouveaux horizons. C’est ce que fait l’impérialisme : il ôte l’horizon de chacun, couvrant l’essor de la pensée avec le brouillard de la mesquine hypocrisie libérale.

Gearóid Ó Colmáin

Source : Speardove sur Substack

1

https://www.forbes.com/sites/arielcohen/2023/11/13/israel-azerbaijan-energy-deal-strengthens-strategic-partnership/?sh=291bab7e64ee

2

https://ijmedicallaw.ir/article-1-1599-en.html