Le site irlandais The Burkean tire son nom du célèbre politicien et philosophe irlandais, Edmund Burke, considéré de nos jours comme le père du « libéral-conservatisme, » un positionnement politique qui ressemble fort à un oxymore.

Dans un apparent paradoxe – car il est difficile de trouver plus antilibéral qu’un catholique authentique -, on y fait un hommage fort intéressant sur Denis Fahey, figure irlandaise de l’intégralisme catholique et le lecteur y apprend beaucoup de choses, sur Fahey bien sûr mais surtout sur l’Irlande moderne, dont le régime survit sur un mensonge : que l’Irlande catholique du passé était un trou noir et une terre de désolation – on peut en dire autant de la France et tout autre pays occidental. La deuxième partie porte sur des considérations plus générales sur le rôle majeur de la franc-maçonnerie en tant qu’instrument de subversion de la tradition dans différents pays du monde.

Le Père Denis Fahey : l’intégraliste oublié de l’Irlande catholique

« Concernant les « droits de l’homme » comme on les appelle, les gens en ont assez entendu : il est temps qu’ils entendent parler des Droits de Dieu. » Pape Léon XIII

L’Irlande catholique et le flou historique

Certaines positions idéologiques historiquement marquantes et les milieux dans lesquels elles s’inscrivent défient la compréhension de l’homme d’aujourd’hui. L’interrogation tend à susciter la confusion de leur part – la lassitude : « Comment ont-ils pu croire cela ? », murmure ou considère discrètement l’observateur occasionnel.

Ayant grandi dans une nation effectivement post-catholique, le fantôme de l’hégémonie politique et sociale de l’Église à travers le dernier siècle frappe la jeunesse irlandaise comme étant autant énigmatique qu’oppressive.

Son mystère est du à la distance ; non pas temporelle, mais en terme de valeur-horizon radicalement différente par lequel nous évaluons le monde comparé à nos ancêtres récents.

Le chef d’orchestre du catholicisme social au premier plan de la scène irlandaise a été éliminé lors de la dernière moitié du siècle dernier par un groupe hétéroclite d’activistes qui parlait sans détour au pouvoir : nos porteurs de lumière, notre Lucifer, notre étoile du matin.

Avec la chute du catholicisme, nous les Irlandais, nous pouvons apprécier désormais le porno fétichiste à la demande, les films Marvel qui font régresser mentalement, du drill rap d’Afrique de l’Ouest au nord du comté de Dublin, du faux bronzage, la technocratie néolibérale gay ad infinitum, un bon d’achat gratuit pour tous après le premier avortement, oh… et qui peut oublier la nuée de livreurs brésiliens Deliveroo ? S’il n y avait pas nos courageux immigrants (une main d’œuvre bon marché) pour livrer la nourriture industrielle à Paddy (l’Irlandais typique – NDLT) pour qu’il se goinfre tout en regardant Netflix ?

La nécessité du révisionnisme historique

Pour démystifier notre conception du siècle dernier, il est impératif que les nationalistes irlandais adoptent une approche critique et révisionniste, particulièrement ce qui concerne l’hégémonie catholique, son déclin, et son élimination par l’Irlande libérale.

La nécessité du révisionnisme existe indépendamment de l’orientation religieuse, qu’on soit catholique, païen ou athée est hors sujet. Sans ces mythes anticatholiques sous-jacents, l’édifice de l’Irlande moderne serait affaibli de façon substantielle. Qu’importe les scandales ou une politique malfaisante, le libéralisme peut toujours accuser l’Irlande catholique et déclarer : « au moins, nous ne sommes pas l’Église. »

Le révisionnisme doit être fondé sur la compréhension que l’histoire n’est pas simplement une collection de faits empiriques, mais plutôt des narratifs sur ces faits ; des narratifs qui sont toujours entremêlés avec des relations de pouvoir.

Une affirmation empirique est aussi pertinente pour la perpétuation ou la déstabilisation d’un récit historique que la façon dont ce fait est encadré par le narrateur. Pertinent aussi est le narrateur : ont-ils un intérêt à encadrer un fait d’une façon particulière ?

Notre classe jacassante de journalistes, d’employés d’ONG, et d’autres exécutants sournois du système ont intérêt à soutenir l’idée que l’Irlande catholique était un désert intellectuel, hostile à l’entretien de l’intellect.

Lorsque cette affirmation est examinée attentivement, elle s’effondre. Si on compare l’apogée de la classe éduquée de l’Irlande libérale aux meilleurs esprits que l’Irlande catholique a produit, il est évident que ces derniers ont produit des théoriciens plus impressionnants. En fait, il est difficile de trouver un penseur irlandais moderne qui vaille le coup.

Présentation rapide du père Fahey

Dans le contexte de l’Irlande du XXe siècle, une telle figure dont la position en tant que théoricien renverse les affirmations de l’Irlande libérale sur un anti-intellectualisme catholique supposée, c’est Denis Fahey. Né en 1883, Fahey était un prêtre irlandais connu pour son agitation politique et ses efforts de lobbying.

Il a été diplômé à l’Université royale en histoire civile et constitutionnelle, en économie politique et en jurisprudence générale ; il a reçu des distinction de première classe, finissant son cursus au sommet.

A l’époque de sa mort, il avait écrit près de vingt ouvrages sur des sujets aussi divers que l’usure, la Révolution russe, et même l’agriculture. Les réalisations éducatives précoces du père Fahey et l’éventail complet de sujets qu’il a abordé sont un testament de son intellect et de sa capacité d’authentique enquête académique.

Cela cause des problèmes évident au récit libéral irlandais sur l’Irlande catholique. En particulier, l’affirmation que le pouvoir politique catholique était marqué par un manque d’activité intellectuelle. Lorsqu’ils abordent Fahey, les critiques modernes ne peuvent tout simplement pas ignorer l’abondant travail théorique qu’il a fournit.

Serait-il possible pour un amateur comme Blindboy d’écrire un livre qui se rapproche de l’érudition de Fahey en terme de rigueur, d’étendue et de profondeur ? La réflexion qui frappe l’homme lucide, c’est l’absurdité.

Un certain nombre de périodes précoces ont modelé la vision du monde de Fahey. Il a fait directement l’expérience des politiques anticléricales de Pierre Waldeck-Rousseau durant son bref séjour en France. En 1908, Fahey était à Rome pour étudier à l’Université pontificale grégorienne. C’est une période marquante, intellectuellement parlant, dans l’histoire de l’Église avec un retour vers la réaction. L’encyclique de 1907 du pape Pie X, Pascendi Dominici Gregis fut la catalyseur qui a suscité une campagne anti moderniste pendant le séjour de Fahey.

Le père Edward Cahill a également été une influence majeure sur Fahey pendant son développement intellectuel. Contemporain et ami de Fahey, le père Cahill a fondé un cercle d’étude connu sous le nom de An Ríoghacht en 1926, son but étant de promouvoir les principes sociaux catholiques.

Comme Fahey, Cahill était un géant intellectuel dont l’érudition est un fait inconfortable pour les universitaires contemporains qui sauteraient de joie à la moindre occasion de minimiser la vie intellectuelle en Irlande catholique.

Sous la direction de Cahill, An Ríoghacht se faisait entendre concernant son opposition à l’usure. Ils envoyèrent une délégation à la Commission bancaire irlandaise (1934 – 1938) pour prôner des réformes monétaires : la création d’une banque nationale à la place d’un système bancaire privé. Fahey était un fort soutien de ces propositions. Les années suivantes, il allait écrire un livre sur le système bancaire usuraire moderne. Dans Manipulations monétaires et ordre social, Fahey soutient l’abandon du standard or.

Au cours de leur dialogue avec l’universitaire jésuite Edward Coyne, des membres d’An Ríoghacht ont soutenu que les politiques qu’ils prônaient étaient similaires aux politiques qui généraient une réussite économique dans le Portugal d’Antonio Salazar.

L’Estado Novo de Salazar était admiré sur le plan international par des catholiques et des gens de droite du au fait qu’il se basait sur la doctrine sociale de l’Église. Le système économique corporatiste de Salazar tirait son inspiration des encycliques papales anticapitalistes et anticommunistes Rerum Novarum (Léon XIII, 1891) et Quadragesimo Anno (Pie XI, 1931).

On devrait aussi noter que de nombreuses propositions d’An Ríoghacht allaient former la base des politiques économiques de Clann na Poblachata. Seán MacBride était proche de certains membres d’An Ríoghacht et favorable à leurs idées.

Passage de relais

Cahill mourut en 1941. Avec sa disparition, An Ríoghacht se réorienta vers une orientation plus conventionnelle ; il y eu une rupture avec la position sans équivoque antimaçonnique et antisémite adoptée par le groupe sous la direction de Cahill.

En réaction, Fahey créa Maria Duce en 1942 pour combler le vide. Fondée initialement en tant que cercle d’étude, Maria Duce devint une force puissante dans le paysage politique irlandais dans les années 1940.

C’était une organisation hautement secrète, avec des estimations variables concernant le nombre de membres. Centré principalement à Dublin, ses membres étaient généralement des fonctionnaires de la classe moyenne et des petits entrepreneurs.

Maria Duce avait un programme en six points qui transmettaient ses objectifs les plus importants sous une forme succincte. Tout en reconnaissant la tolérance religieuse, elle soutenait que l’Église catholique était la seule véritable église et appelait toutes les nations à se convertir au catholicisme. Le groupe insistait aussi sur l’importance de la sauvegarde du mariage chrétien, d’une éducation catholique, et d’une réforme du système monétaire irlandais dans une direction anti-usure.

Maria Duce et l’article 44

Il est bien connu que l’archevêque John McQuaid a conseillé Éamon de Valera à la rédaction du Bunreacht na hÉireann. Ce qu’on a oublié, c’est que McQuaid a sollicité l’aide du père Denis Fahey. Malheureusement, les relations entre de Valera et Fahey devinrent difficiles, et ce dernier n’a probablement pas pu avoir d’influence pendant la période de rédaction de la constitution.

Maria Duce rentra en désaccord avec l’article 44 du Bunreacht na hÉireann concernant la nature religieuse de l’état. En 1949, ils débutèrent une campagne pour amender l’article qui reconnaissait la position spéciale de l’Église catholique, l’article 44 ayant été depuis amendé par la Loi sur le cinquième amendement de la constitution et la mention de la position spéciale de l’Église catholique a été supprimée.

A la place de la reconnaissance de la position spéciale de l’Église catholique, Maria Duce proposa que « l’article 44 soit amendé pour se conformer aux droits sociaux du Christ Roi comme il est souligné dans l’enseignement authentique des encycliques papales. » Seul la reconnaissance de l’Église catholique comme la seule véritable église suffirait.

Maria Duce envoya d’innombrables pétitions aux membres du gouvernement les pressant de rendre public leur soutien aux propositions d’amendement de l’article 44. En 1949, John A. Costello reçu une pétition qui avait été signée par 800 personnes.

Le soutien bruyant pour l’amendement de l’article 44 rendit Maria Duce progressivement impopulaire parmi les autorités laïques et ecclésiastiques, qui l’ont vraisemblablement consigné à la périphérie de la société irlandaise pendant les années qui ont suivi la campagne.

Seán South et Libido Dominandi

Maria Duce était principalement une organisation concentrée sur Dublin, mais l’un de ses membres les plus célèbres était le volontaire de l’IRA de Limerick Seán South. Lui-même un nationaliste catholique pur et dur, South était un lecteur assidu de Fahey, membre de Maria Duce, et même le fondateur de sa branche de Limerick.

South s’est opposé à l’américanisation de l’Irlande qui s’est produite par la distorsion culturelle d’exports culturels américains, principalement d’Hollywood. Des hommes tel que South qui s’opposaient à la production culturelle hollywoodienne sont communément fustigés comme puritains, rongés par une supposée aversion pathologique envers la culture moderne.

Cependant, cela repose sur la présomption libérale naïve que la politique peut être mise à part du reste de la vie culturelle, en d’autres mots, qu’il y a des domaines de la vie sociétale qui sont apolitiques. La propagation de valeurs subversives par la forme esthétique est politique ; ainsi que la censure appropriée de ce produit artistique.

Hollywood a toujours frayé avec des machinations politiques par différents groupes rivalisants pour le contrôle. E. Michael Jones, avec sa perspicacité habituelle, a remarqué que l’Église catholique prohibait la pornographie soft à Hollywood avec le code de censure de la Légion de décence. Leur contrôle d’Hollywood a pris fin avec le film de 1964 Le prêteur sur gages, qui contournait le Code de production ; il est réputé pour être l’un des premiers films à montrer de la nudité et un personnage homosexuel.

La sexualisation du cinéma n’était pas inévitable. La sexualité dans le cinéma était prohibée et plus tard, cette prohibition a été renversée. La prohibition ainsi que la suppression de cette prohibition étaient des actes humains. Des hommes qui formaient des groupes autour d’agendas et d’intérêts collectifs. Ces hommes avaient des adresses, des familles, et des domiciles. Cela aurait pu être empêché. Lire Libido Dominandi: Sexual Liberation as a Form of Political Control par E. Michael Jones.

South n’était pas uniquement fixé sur le sujet de la distorsion de la culture américaine. Il était aussi d’accord avec de nombreux arguments de Fahey concernant la franc-maçonnerie. South croyait qu’une conspiration de la franc-maçonnerie internationale était responsable du cloaque culturel s’écoulant de l’orifice béant de l’Amérique : Hollywood.

South est le parfait contre-exemple pour les Républicains de gauche qui affirme l’argument pseudo-historique et fréquemment déboulonné, que le républicanisme irlandais est une tradition intrinsèquement de gauche.

Le programme divin et sa négation

Les croyances de Fahey formaient la base de Maria Duce. A cause du volume de ses écrits, c’est un vrai défi de résumer sa pensée. En bref, Fahey avançait qu’un programme divin a été défini par Jésus-Christ lorsqu’il était sur terre. La vision du Christ en tant que Logos (raison et ordre dans l’univers) est une idée orthodoxe parmi des chrétiens de nombreuses confessions.

Fahey est un penseur profondément historique. Selon lui, l’histoire est « le récit de l’acceptation ou du rejet du programme pour l’ordre de Notre Seigneur. » En suivant cette base, Fahey a conclus que le XIIIe siècle européen était l’époque qui s’est la plus rapprochée de ce programme divin. Pour Fahey, le couronnement de cette époque fut le système des guildes. Les guildes étaient l’application de la « doctrine de la solidarité humaine dans le Christ aux affaires économiques. »

Fahey a traduit Les guildes de travailleurs du Moyen-Âge de Godefroid Kurth en anglais. Son œuvre présente le système des guildes d’une manière positive, mettant l’accent sur la dignité dont le travail jouissait avec elles ; Kurth l’oppose avec la dégénérescence du travailleur vers la situation du prolétaire indigent qui s’est produit depuis l’arrivée du capitalisme du laissez-faire. On doit se souvenir que ce furent les révolutionnaires français libéraux qui ont voté la loi Le Chapelier en 1791 qui a détruit le système des guildes en France.

Si le XIIIe siècle fut l’apothéose de l’homme selon la conception de l’histoire de Fahey, les siècles suivants sont une régression, si ce n’est un désastre. Fahey était le réactionnaire par excellence. Il considérait la Réforme protestante, la Renaissance, la Révolution française et la Révolution bolchévique comme la marche de l’homme s’éloignant du programme divin du Christ et de l’ordre éternel.

Il y avait un conflit spirituel sous-jacent qui sous-tendait le conflit exotérique qui faisait rage devant les yeux des hommes. Il y avait d’un côté le Corps mystique du Christ (l’Église catholique) qui représentait l’ordre divin et la vérité sur terre. De l’autre côté, il y avait les forces du naturalisme.

Par naturalisme, Fahey voulait dire « l’attitude de l’esprit qui nie la réalité de la vie divine de la grâce et de notre chute par le péché originel… Nous devons combattre cette mentalité et proclamer les Droits de Dieu. » En d’autres mots, toute idéologie ou mouvement qui nie les tenants de la foi chrétienne.

Le bolchévisme, l’anarchisme, l’hyper-individualisme, l’athéisme, le déisme, l’illuminisme et le libertinisme sont tous des systèmes de pensée naturalistes qui nie la métaphysique, la résurrection et notre chute du Jardin d’Eden.

Les mythes fondateurs du naturalisme organisé

Pendant que de nombreux catholiques condamnent ces révolutions, Fahey est d’une certaine façon à part dans son affirmation qu’il y a un complot naturaliste organisé systématique et vieux de plusieurs siècles pour renverser l’Église.

Fahey explique que ce programme luciférien est principalement représenté par la franc-maçonnerie et d’autres sociétés secrètes depuis au moins le XVIIIe siècle, voire auparavant. Une telle affirmation serait considérée par beaucoup comme l’argument fou et irresponsable d’un conspirationniste paranoïaque.

Cependant, lorsqu’une érudition honnête est soutenue en lien avec la question des sociétés secrètes et leur impact sur l’histoire européenne depuis les Lumières, la conclusion inévitable à laquelle on parvient, c’est que cette activité révolutionnaire sous les Lumières est ensuite liée inextricablement aux sociétés secrètes.

Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme par l’abbé Augustin Barruel est une œuvre en plusieurs volumes détaillant le lien entre les sociétés secrètes organisées, les Lumières et la Révolution française.

Barruel affirme qu’on ne révèle pas aux initiés des loges la véritable origine de la franc-maçonnerie jusqu’à ce qu’ils atteignent le degré « Rose-Croix » (rosicrucien). Une fois qu’il a atteint ce degré, l’initié est informé que Jacques de Molay, le dernier Grand Maître des Templiers, a maudit les monarchies européennes et l’Église catholique juste avant son exécution sous les ordres de Philippe le Bel, roi de France. Être franc-maçon, c’est venger Molay par la destruction du trône et de l’autel, les doubles piliers du monde médiéval.

Barruel a été soumis à une critique intense pour cette affirmation. Cependant, la description du franc-maçon renommé, Albert Pike, du dix-huitième degré de la Rose-Croix, confirme l’affirmation de Barruel concernant Molay en tant qu’impulsion pour l’activité révolutionnaire franc-maçonne.

Que Molay ait réellement maudit les églises et les monarchies d’Europe n’a pas d’importance. Ce qui importe, c’est que des hommes ont agit et agissent sans doute encore sur cette croyance.

Comment savons-nous que les francs-maçons agissent sur cette croyance ? Premièrement, c’est leur mythe fondateur qui est formalisé dans la structure de degrés. Deuxièmement, il y a une histoire étayée sur l’implication maçonnique dans l’agitation anticléricale et antimonarchique.

Que le dix-huitième degré s’appelle la Rose-Croix a une certaine signification. La Rose-Croix est une allusion aux rosicruciens, une société secrète du XVIIe siècle qui a été particulièrement importante en Grande-Bretagne. La Rose-Croix est un mélange syncrétique entre la kabbale juive, l’hermétisme, l’alchimie et l’ésotérisme chrétien.

La connexion Rose-Croix/franc-maçonnerie via le dix-huitième degré de la franc-maçonnerie confirme l’affirmation de Fahey selon laquelle il y a une lutte vieille de plusieurs siècles de la part des forces du naturalisme politique contre l’Église.

Il est important de noter que le rosicrucien Francis Bacon est le fondateur de la science moderne avec sa répudiation de la téléologie aristotélicienne dans son œuvre Novum Organum Scientiarum. La conception téléologique d’Aristote était la conception de la scolastique médiévale. Fahey considérerait l’anti-aristotélisme de Bacon comme une offensive maçonnique pour délégitimer l’ordre chrétien.

L’influence maçonnique sur la modernité

Maintenant que le mythe fondateur de la franc-maçonnerie a été dévoilée, il est maintenant nécessaire de documenter en partie leurs actions au cours des derniers siècles.

La plupart des pères fondateurs américains étaient francs-maçons. Benjamin Franklin était un franc-maçon connu pour ses liens avec des francs-maçons français de premier plan comme Voltaire. George Washington et Thomas Jefferson étaient aussi francs-maçons. En fait, Washington a exprimé une certaine inquiétude au sujet des actions des « illuminati » d’Adam Weishaupt qui auraient pu créer une mauvaise image de la franc-maçonnerie. Jefferson répliqua en louant la philosophie illuminati.

En France, la franc-maçonnerie était particulièrement influent. Des hommes comme Voltaire viennent à l’esprit lorsque on pense à la franc-maçonnerie pendant cette période. Le franc-maçon le plus important de France au XVIIIe siècle était le cousin du roi, Louis-Philippe d’Orléans. Il était également le Grand Maître du Grand Orient de France. Le duc, qui a plus tard changé son nom pour celui de Philippe Égalité, a été fondamental dans la fondation et la perpétuation de la Révolution française.

La franc-maçonnerie est un point de désaccord parmi ceux qui enquêtent sur la relation entre révolution et franc-maçonnerie. Les auteurs de théorie conspirationniste maçonnique, l’abbé Augustin Barruel et John Robison, soutiennent que Fahey et Cahill ont fait l’erreur élémentaire de mélanger le Grand Orient révolutionnaire (continental) et l’alternative Grande Loge Unie.

Cependant, les francs-maçons anglais ne sont d’aucune façon innocents. La franc-maçonnerie du Grand Orient a été créée par des francs-maçons anglais. La délégitimisation de la vision du monde médiévale a été menée en partie par le rosicrucien anglais Francis Bacon. De même, des personnalités de loges continentales sont venus en Grande-Bretagne pour répandre des idées révolutionnaires pendant les années 1770 et Cagliostro a popularisé la franc-maçonnerie continentale parmi les princes et les ducs anglais.

Kerry Bolton justifie la thèse de Denis Fahey sans sa synthèse sur la franc-maçonnerie à la fin du XVIIIe siècle : « il devient évident que la franc-maçonnerie britannique était très impliquée dans les intrigues politiques et occultistes malgré les déclarations d’innocence concernant la franc-maçonnerie anglaise. »

D’autres nations qui ont souffert d’intrigues de la part de sociétés secrètes comprennent le Mexique à la fin du XIXe et du début du XXe siècle, l’Empire Ottoman au début du XXe siècle, l’Allemagne au XVIIIe et au XIXe siècles, la Russie depuis Pierre le Grand, l’Italie pendant le Risorgimento, le Portugal à l’époque de Notre-Dame de Fatima, l’Espagne avant Franco, le Portugal avant le règne de Salazar, etc.

Il est bon de démontrer que la loge du Grand Orient se vante ouvertement de ses machinations révolutionnaires de ces derniers siècles et les célèbre, citant fièrement Bakounine comme exemple.

Conclusion : le père Fahey contre-récit à l’Irlande libérale

La vie et l’œuvre de Fahey défie le récit officiel sur une Irlande catholique désert intellectuel. En tant que théoricien, il n’a aucun équivalent chez les faux-intellectuels contemporains que l’Irlande libérale peut apporter. Son attaque contre la franc-maçonnerie est justifiée par une authentique érudition.

En tant qu’homme, il mérite le respect pour avoir maintenu ses convictions ; il n’était pas un simple valet soumis des élites irlandaises. Il s’était fait des ennemis et a maintenu ses croyances, même au risque d’être aliéné par le pouvoir laïc et ecclésiastique.

On trouve facilement ses ouvrages sur archive.org, téléchargez les avant qu’ils soient retirés.

J’encourage fortement tous les Irlandais à lire et méditer sur les grandes œuvres du père Denis Fahey, l’homme qui s’est dressé avec défi devant la subversion globale.

Ulick Fitzhugh

Article source : The Burkean